Le vrac, un marché en plein boom
Légumineuses, fruits secs, vin, cosmétiques ou produits d’entretien, le vrac gagne du terrain. En 2019, le marché a dépassé le milliard d’euros et devrait tripler d’ici 2022, selon l’association interprofessionnelle Réseau Vrac.
Vous l’avez probablement remarqué en faisant vos courses : la vente en vrac a le vent en poupe. Il n’est plus rare de trouver du riz, des lentilles ou encore des fruits secs sans emballage, à la pesée. Selon les derniers chiffres de l’association interprofessionnelle Réseau Vrac, la France ne comptait en 2013 que deux points de vente exclusivement consacrés au vrac. Il y en a désormais 400 ! L’enseigne Day by Day totalise à elle seule 59 magasins répartis sur tout l’Hexagone. De la petite supérette à l’hypermarché, tout le monde s’y est mis. 70 % des supermarchés et des hypermarchés possèdent aujourd’hui un coin dédié au vrac, dont la majorité est implantée au sein du rayon bio. L’offre se développe : les magasins spécialisés présentent en moyenne 400 références de produits, et jusqu’à 1000 dans les magasins Day by Day. Les grandes surfaces font aussi la part belle au vrac avec 54 références différentes en moyenne.
Le vrac : 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2019
Cette extension du vrac a évidemment fait bondir les ventes : en 2019, le marché a représenté 1,2 milliard d’euros de chiffres d’affaires. « Nous avons bon espoir que le marché triplera en 2022 », a affirmé jeudi 6 février lors d’une conférence de presse Célia Rennesson, directrice générale du Réseau Vrac. Sans doute, puisque le vrac séduit de plus en plus de consommateurs. D’après le cabinet Nielsen, 40 % des Français déclarent acheter en vrac, contre 37 % en 2018. Parmi les aliments les plus achetés et consommés en vrac figurent les oléagineux (58 %), les fruits secs (51%), les légumineuses (30 %) et les graines (29 %).
Les adeptes du vrac devraient être encore plus nombreux, séduits par la diversité grandissante des produits disponibles. Pâte à tartiner, yaourt, compote, l’offre de produits en vrac ne cesse de s’élargir grâce à l’arrivée d’équipements innovants. Certains magasins se dotent de moulins oléagineux pour fabriquer directement de la pâte d’amande ou de la pâte à tartiner, s’équipent de machines pour faire des pâtes fraîches et même des cocktails à la demande. L’an dernier, la marque Faire Bien de Danone avait par exemple testé un distributeur de yaourt dans un magasin Day by Day situé dans le XVIIème arrondissement de Paris. L’émergence de pure players comme Jean Bouteille et QualiVrac devrait aussi accélérer la consommation des liquides en vrac. « QualiVrac a par exemple mis au point un meuble avec un système de bag in box et de presses qui viennent presser les contenants au fur et à mesure que l’on appuie sur le robinet », explique Célia Rennesson. Huile d’olive, vin, soda… Le vrac ne s’arrête plus aux lentilles, aux pâtes et au riz.
Cosmétiques, produits d’entretien…
La vente en vrac de produits non alimentaires se développe également. Cosmétiques, produits d’entretien… Les consommateurs ont désormais le choix. Des boutiques vendant du vrac non alimentaire commencent à s’ouvrir comme The Naked Shop, située rue Oberkampf dans le XIe arrondissement de la capitale. Celle-ci propose des produits d’entretien et des soins pour le corps et les cheveux dans des distributeurs automatisés affichant en direct le prix à payer. L’enseigne Avril, spécialisée dans les cosmétiques bio à petit prix, fait aussi le pari du vrac. Dans sa boutique lilloise, ses clients peuvent depuis peu venir remplir leur bidon de gel douche ou de shampooing. Selon Réseau Vrac, les salons de coiffure devraient aussi s’y mettre. « Nous avons été contactés par des salons qui souhaitent proposer des produits en vrac », confie Célia Rennesson. La vente au vrac s’étend à d’autres secteurs et commence même à séduire des grandes marques comme L’Oréal, Kellogg’s et Unilever. En Grande-Bretagne, la chaîne de supermarchés Asda prévoit par exemple d’ouvrir un magasin où des céréales Kellogg’s seront vendus au poids.
Les prévisions de Réseau Vrac sont réalistes. La loi sur la lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire, adoptée fin janvier 2020, favorisera d’ailleurs ce mode de consommation. Le texte prévoit notamment que « tout consommateur final peut demander à être servi dans un contenant apporté par ses soins, dans la mesure où ce dernier est visiblement propre et adapté à la nature du produit acheté ». Il prévoit aussi que « tout produit de consommation courante peut être vendu en vrac, sauf exceptions dûment justifiées par des raisons de santé publique ». Certains produits bénéficiant d’une AOC, AOP ou IGP ne pouvaient pas être vendus en vrac. Désormais, « sauf exceptions dûment justifiées, les cahiers des charges des signes d’identification de la qualité et de l’origine […] autorisent la vente non préemballée ».
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