Une rose équitable, c’est quoi exactement ?
Nous sommes de plus en plus nombreux à privilégier les roses équitables. Mais que garantissent-elles exactement ? Explications.
C’est la fleur la plus vendue au monde. Rien qu’en France, il s’en vendrait plus de 600 millions chaque année. On l’offre pour une occasion spéciale, comme la Saint-Valentin, un anniversaire ou simplement pour faire plaisir à un être cher. Elle peut être rouge, jaune, blanche, rose ou bleue. De qui parle-t-on ? De la rose bien sûr. Mais cette fleur aux pétales délicates et parfumées ne fait pas que des heureux.
Il faut savoir que la plupart des fleurs coupées vendues dans le commerce sont cultivées à l’étranger ! Environ 80 % des roses commercialisées en Europe sont importées de pays en développement comme le Kenya, la Colombie, l’Équateur ou l’Éthiopie. Si la filière horticole s’est délocalisée dans ces pays au début des années 2000, ce n’est pas pour rien. Là-bas, les conditions climatiques sont bien plus propices à la floriculture et, évidemment, les coûts de production sont nettement plus bas. Les roses y sont cultivées dans des fermes horticoles immenses où des centaines de salariés, en grande partie des travailleurs sans terre et des femmes payés au lance-pierre, travaillent au rythme d’une cadence effrénée et dans des conditions sanitaires et sociales déplorables. La production de ces roses impacte aussi l’environnement : captation d’importantes ressources en eau, utilisation massive d’intrants chimiques, etc. Bref, les roses que l’on offre n’ont plus rien de romantiques.
Sur ce point, les consommateurs l’ont bien compris et privilégient de plus en plus les roses équitables, quitte à donner quelques euros de plus à leur fleuriste. En 2017, 23 millions de roses labellisées ont été commercialisées, sur les 600 millions. Un petit chiffre mais qui témoigne un vrai engouement pour ce type de roses. On les trouve facilement, même dans nos supermarchés. Ces dernières sont estampillées du label Fairtrade/Max Havelaar, le même que l’on peut retrouver sur certaines tablettes de chocolat et les bananes de notre Monop’.
Une rose équitable n’est pas bio !
Mais qu’est-ce qu’une rose équitable exactement ? Tout d’abord, il ne faut pas confondre rose bio et rose équitable. La fleur équitable n’est pas issue de l’agriculture biologique. Elle est traitée avec des pesticides, tout comme la « conventionnelle ». Une rose équitable est en revanche une fleur qui a été cultivée dans des conditions sociales et environnementales décentes. C’est ce que garantit d’ailleurs le label Fairtrade/ Max Havelaar.
Pour qu’une rose puisse porter ce label, les fermes horticoles et les importateurs doivent respecter un cahier des charges précis, concernant les conditions de production et de commercialisation des fleurs. Les fermes engagées dans la démarche doivent notamment veiller au bien-être de leurs employés : protection sociale, salaire minimum légal, accès à de meilleures conditions de travail. Les travailleurs manipulant les produits chimiques doivent porter des équipements de protection et être suivis médicalement tous les trimestres. Les femmes ont droit à un congé maternité de huit semaines et les employeurs doivent respecter la liberté d’association. Les acheteurs/importateurs de roses s’engagent, eux, à verser 10% du prix d’achat à un « Comité de la Prime Fairtrade », constitué de travailleurs élus dans chaque ferme horticole. « Cette instance est chargée de gérer l’argent de la prime (prime de développement, Ndlr), sur un compte indépendant de celui de la ferme, pour l’investir dans des projets aux bénéfices des travailleurs et de leurs communautés », explique l’association Max Havelaar France. Parmi ces projets : infrastructures et services de santé, bourses d’éducation pour les enfants des travailleurs, achats de denrées alimentaires de base en gros.
Le respect de l’environnement fait aussi partie du cahier des charges du label. Objectif : réduire l’impact environnemental de la production des roses. Parmi les mesures : interdiction des produits chimiques les plus dangereux, optimisation de la consommation d’eau (recyclage, récupération d’eau de pluie). La mise en place des moyens biologiques pour lutter contre les nuisibles et limiter les produits phytosanitaires est également encouragée. Exemple avec la ferme de Bigot Flowers, au Kenya, qui, pour remplacer les fertilisants chimiques, s’est tournée vers le compost de feuilles des rosiers. Elle utilise également ces déchets verts comme paillis pour protéger les pieds des rosiers des nuisibles et garder le sol humide. Résultat : moins d’eau et moins de pesticides.
Le hic des roses équitables ? Leur empreinte carbone. Eh oui, ces fleurs ont voyagé en avion. L’association Max Havelaar France le concède mais affirme qu’une rose équitable est plus « écologique » qu’une rose produite en Europe. « Les cultures floricoles dans les pays du Sud ont un impact sur l’environnement bien moindre que les cultures réalisées dans des serres climatisées en Europe. Selon une étude de l’université́ de Cranfield en 2007, les roses produites dans les fermes horticoles kenyanes dégagent environ 6 fois moins de CO2 que celles produites en Hollande, transport compris », souligne-t-elle. Pourquoi pas. En attendant, on préférera bien sûr les roses équitables aux roses « conventionnelles », surtout si elles proviennent de l’étranger. Mais l’idéal sera toutefois d’opter pour des roses françaises : conditions de travail sûres, moins de transport et donc moins de pollution…
Article publié une première fois en août 2019.
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