Qu’est-ce que le crowdbutchering ?

Consommer de la viande de manière responsable, c’est possible avec le crowdbutchering. Basée sur l’achat collectif, cette pratique a pour objectif d’éviter l’abattage abusif et le gaspillage.

Avez-vous déjà entendu parler du crowdbutchering ? Cette pratique au nom difficilement prononçable s’inspire directement du concept de crowdfunding. Elle repose sur l’achat collectif de… viande ! Le principe est simple : les consommateurs achètent une ou plusieurs parties d’un seul et même animal. Et tant que la bête n’est pas réservée dans sa totalité, elle n’est pas abattue. L’éleveur ne tuera le porc, le boeuf ou l’agneau que si toutes ses parties ont été vendues.

Le crowdbutchering n’est pas nouveau. Avant l’arrivée de nos supermarchés, nos ancêtres faisaient la même chose. À l’époque, dans les campagnes notamment, les familles réservaient et se partageaient les différentes parties d’un animal. L’éleveur du coin annonçait qu’il allait abattre ses animaux arrivés à maturité, et invitait les habitants du coin à commander. Ce que les familles ne se privaient pas. Ainsi toutes les parties des bêtes étaient vendues. Nos grands-parents connaissaient d’ailleurs les saisons d’abattage. Ils consommaient au rythme de l’éleveur, et pas l’inverse. Nos modes de vie actuels ont malheureusement fait peu à peu disparaître cette pratique.

Aujourd’hui, elle est remise au goût du jour grâce à Internet. Plusieurs entreprises se sont lancées sur ce créneau. En Suisse, on retrouve HappyMeat par exemple. En France, c’est la jeune pousse Pig’s Daddy qui propose de commander en ligne sa viande de cette façon. Sur son site, on peut choisir l’animal (porc, agneau ou volaille), sélectionner le morceau que l’on souhaite et la quantité désirée. Mais attention, ici on ne commande pas qu’un petit filet mignon de quelques grammes. Les pièces proposées sont vendues par kilo et livrées par colis. Une fois que toutes les parties de la bête ont été vendues, elle est abattue. La start-up récupère l’animal post-abattoir et le transforme dans un atelier de découpe. Les morceaux, conditionnés sous vide, sont ensuite envoyés.

Consommer moins, mais mieux

Le crowdbutchering présente de nombreux avantages : il permet avant tout de lutter contre l’abattage intensif et le gaspillage. Les animaux ne sont tués que s’ils ont été achetés dans leur totalité. Toutes les pièces sans exception seront consommées ! Il n’y a pas de pertes.

Cette pratique pousse à une consommation responsable et raisonnée de viande – on consomme moins, mais mieux – et garantit également une traçabilité totale. Plus besoin de se poser des questions sur l’origine de la viande.  L’entreprise Pig’s Daddy présente d’ailleurs sur son site tous les éleveurs avec qui elle travaille. Les élevages sélectionnés sont « 100 % plein air, sans médicaments ni OGM », précise-t-elle. Enfin, le crowdbutchering permet de soutenir les petites exploitations qui élèvent leurs animaux dans de bonnes conditions et qui ne font pas la course au profit.

Pour les éleveurs, le crowdbutchering leur permet de vendre leurs produits sans passer par les canaux de vente classiques. Le site est ici le seul intermédiaire entre l’éleveur et le consommateur. Ils sont ainsi mieux rémunérés.

Le crowdbutchering a toutefois des inconvénients. Parmi eux : l’attente. Eh oui, entre la commande et la livraison, il faut compter plusieurs semaines. Le prix peut aussi être un frein. Chez Pig’s Daddy, le kilo d’agneau se vend entre 19 et 28 euros, et le kilo de porc, entre 16,50 et 17,30 euros.

Pour les amateurs de viande attentifs aux produits qu’ils consomment, cette solution s’avère idéale. Pour les plus impatients, il existe d’autres plateformes qui vendent de la viande en direct de l’éleveur, comme Okadran. Ce site ne pratique pas le crowdbutchering mais met en relation éleveurs et consommateurs. Ici, les agriculteurs proposent directement leur production à la vente, sans passer par les canaux classiques, et fixent eux-mêmes leur prix.

Victoire Toitot

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